Searching for Sugar Man

Quand je vais au cinéma c'est pour être embarqué dans une histoire, dans une aventure. A priori en allant voir hier un documentaire, certes oscarisé, ce n'était pas gagné... Et pourtant dès le générique je me suis retrouvée embarquée dans une aventure à la fois urbaine et poétique. Saisie en même temps par les images magnifiques de l'Afrique du Sud et par cette chanson : "Sugar Man" ! 

Les villes sont là, personnages à part entière, Cap Town, Detroit... filmées comme en super8, comme en 1970... d'ailleurs c'est un vrai flash back au coeur de ces années que l'on redécouvre en apparence joyeuses et pourtant si profondément empruntes de contestations, de déchirements, de pauvreté... Et au milieu de ce chaos un poète, un philosophe, un homme simple... Sixto Rodriguez...  Song writer fataliste, le plus grand mystère de l'histoire du rock et de la pop... 

Le paradoxe de cette histoire c'est que cet homme fut totalement méconnu du monde occidental, donc ouvert, donc communicant, n'a vendu quasiment aucun disque dans son pays (ou 30 albums sortaient chaque mois), fut floué par sa maison de disque (et encore aujourd'hui on peut se poser la question des responsabilités et de la défense des intérêts de l'artiste par la-dite maison de disque) malgré un talent dans la veine de Dylan, alors que dans le même temps il fut l'idôle de toute une génération dans l'un des pays les plus fermés du monde à l'époque. Là où régnait la plus sévère des censures ses chansons ont contribué à l'ouverture des mentalités.

Mais le mot qui reste en tête lorsque l'on sort de cette projection c'est doute "Mystère", car même si on finit par le retrouver, le voir traverser sa ville de Détroit, l'entendre chanter devant ses fans à Cap Town, on ne sait presque rien de ce qu'il est vraiment même si l'on devine un homme simplement bon et généreux qui a le souci de son prochain. Celui qui en parle le mieux dans ce film est sûrement son collègue de travail sur les chantiers de rénovations qui le décrit en smoking pour déblayer les maisons en ruine ... 

Enfin juste un mot sur la petite partie animation du film, qui m'a rappelé un peu le film de Joann Sfarr sur Gainsbourg, avec cet escogriffe si fin qu'il pourrait se briser et si élégant ... Élégant comme un Dandy ... voilà c'est ça : Sixto Rodriguez est le dandy mystérieusement oublié des années 70 et enfin retrouvé !

A voir absolument !!!!